dimanche 22 mai 2016

L’état de l’égyptologie par Moustafa Gadalla

Moustafa Gadalla est un égyptologue indépendant, né au Caire en 1944.
Titulaire d’une licence en sciences de l'université du Caire en tant qu’ingénieur civil, Mr Gadalla est l’auteur de vingt-deux ouvrages - publiés et reconnus internationalement - concernant les divers aspects de l’histoire et la civilisation de l’ancienne Égypte et ses influences à travers le monde. Il a plusieurs autres livres passionnants et une série de vidéos en attente de publication prochaine.
Il est le Fondateur et le Président de la Tehuti Research Foundation (www.egypt-tehuti.org) - association internationale à but non lucratif  dont le siège est aux USA, et qui se consacre à l’étude de l’Ancienne Égypte. Il dirige également l’Université Mystique Égyptienne en ligne (www.EgyptianMysticalUniversity.org), qu’il a fondé.

Depuis son enfance, Mr Gadalla poursuit avec passion la recherche de ses racines égyptiennes, par ses études continues et ses recherches. Depuis 1990 il consacre tout son temps à ses travaux de recherche et à ses écrits.


Ce qui suit est une traduction d'un article dont le titre original est:

The State of Egyptology et qu'on peut lire ici:




L’état de l’égyptologie
Avec des amis comme ceux-ci…
J’ai un petit rire ironique quand on classifie mes écrits sous le label ‘‘en dehors de l’égyptologie traditionnelle’’. La prétendue égyptologie traditionnelle est aux mains de non-égyptiens autoproclamés,  qui sont les restes de l’Époque Coloniale. Les pays européens qui colonisèrent le monde rapportèrent en Europe le butin de leur pillage. Leur pays d’origine avait et a toujours l’impression qu’ils ont le monopole sur l’écriture de l’histoire de leurs colonies. Les égyptologues académiques autoproclamés sont en réalité constitués d’employés qui dressent des inventaires et le catalogue du butin de l’Ancienne Égypte.

Bika Reed a écrit dans Rebel in the Soul: a sacred text of ancient Egypt (Rebelle dans l’âme: un texte sacré de l’Égypte Ancienne),

‘‘Il est étrange qu’un langage si simple et si évocateur que l’ancien égyptien soit maintenu dans l’obscurité par l’instrument même de sa redécouverte, l’égyptologue. Même s’il est académiquement érudit, et brillant dans son analyse, quelqu’un qui croit que l’Égypte ancienne était une société primitive, incapable de pensée abstraite, pourra-t-il transmettre au lecteur moderne sa sagesse ? Comme un chirurgien, qui, à la recherche de l’âme de son patient à l’aide de son scalpel, déclare qu’il n’y a pas d’âme dans l’homme, l’esprit analytique, penche sur un papyrus, avec le scalpel grammatical, s’écrie « Il n’y a pas de philosophie en Égypte ! » Pour une telle mentalité, le voyage de la Barque Solaire n’est que rêverie païenne. Pourtant, leur réalité objective serait une chimère pour les sages de l’Égypte. C’est comme si on nommait un somnambule pour juger ceux qui sont éveillés.’’

Les égyptologues académiques gagnent leur vie en rabaissant les Égyptiens et leurs croyances. L’arène de l’égyptologie est infestée par ceux dont la seule préoccupation est de détruire la crédibilité de l’ancienne Égypte. De manière typique, ce sont des agneaux déguisés en loups.

Comment pouvez-vous espérer apprendre quelque chose au sujet des anciens Égyptiens de la part du doyen de l’égyptologie académique, à savoir Alan Gardiner, qui écrit dans son livre l’Égypte des Pharaons, ‘‘Ce qu’on promeut fièrement comme histoire égyptienne n’est qu’un ramassis de loques en lambeaux’’. Gardiner et ses copains ont autant d’intérêt pour l’Égypte ancienne qu’un violeur (‘‘intéressé’’ par la femme qu’il viole) ou un pédocriminel (qui ‘‘aime’’ vraiment l’enfant).

En ce qui concerne l’ancienne Égypte, pratiquement tous les auteurs ont du mépris et de la jalousie pour cette grande civilisation. Ces écrivains plein de mépris vont attribuer tout le mérite pour chaque réalisation à d’autres, par exemple, les anciens Égyptiens ont reçu ceci de Mésopotamie, cela des Assyriens, ceci des Hébreux et cela des Hyksos,… et oui, bien sûr, les plus grandes réalisations ne pouvaient être l’œuvre de personne d’autre que les Européens, par le biais: 
-     Soit de la Période Romaine des Ptoléméens
-     Soit des Atlantes imaginaires.

Pourtant, ce n’est pas encore le plus grave problème. Ces écrivains méprisants, alors qu’ils décrivent l’Égypte comme une passoire par laquelle transitèrent les réalisations des autres dans leur pays, insistent que l’Égypte ancienne était une société rigide, sans imagination et conservatrice.

Le problème n’est pas que ces gens aient des (deux) points de vue différents. C’est que ces mêmes personnes utilisent deux points de vue contradictoires simultanément.

Pour tous ces gens, passés maîtres dans l’art du double et du triple langage - je dis ‘‘Avec des amis comme ceux-ci, l’Egypte n’a pas besoin d’ennemis’’.

La Recherche de la vérité

Comme un étudiant en histoire ou un lecteur, on découvre qu’il y a autant de points de vue que de livres. Avec autant de points de vue différents on peut se demander quel ‘‘expert’’ ou quel ‘‘spécialiste’’ croire et pourquoi leurs points de vue sont si différents. La triste vérité est que la plupart des questions polémiques pourraient être résolues entre ‘‘spécialistes’’ s’ils prenaient seulement la peine d’examiner les preuves présentées par la partie adverse.

Certaines personnes réagissent aux interprétations historiques qui sont en conflit avec ce qu’ils ont toujours pensé et ce qu’ils ont appris, en traitant l’auteur de révisionniste. Ils s’entêtent a vivre dans leur mensonge. Refuser d’écouter un point de vue opposé est un aveu de faiblesse, pas un signe de force. Ces gens rejettent une grande quantité d’informations et aussi des possibilités de grandir intellectuellement, spirituellement en pratiquant la politique de l’autruche. 

Les sources les plus importantes des livres d’histoire actuellement disponibles sont européennes et celles de leurs descendants pour les autres continents. Il y a environ 500 ans, les européens se mirent à conquérir le vaste monde en colonisant tous les pays alentour. En tant que seule force de domination du monde, la diffusion de la connaissance (y compris l’histoire du monde) était entièrement sous leur contrôle.

Lorsque la colonisation prit fin au 20e siècle, beaucoup de gens commencèrent à remettre en question ce qu’ils avaient appris pendant si longtemps. Une telle remise en question déstabilisa ceux qui veulent continuer à éprouver un sentiment de supériorité envers les autres. Ils inventèrent le terme révisionnisme. Ils accusèrent également les nouvelles interprétations de l’histoire de n’être rien de plus que les faits, qui ont été manipulés par l’auteur et l’écriture de l’histoire alternative de n’être que simplement le récit personnel de l’auteur.

Comment savoir qui dit la vérité ? Ne devons-nous lire que les gens qui sont d’accord avec nos idées, nos penchants, nos préjugés ? 
Cela ne devrait pourtant pas être bien difficile d’établir la crédibilité d’un livre ou des extraits de ce livre, en adoptant la position d’un juré impartial dans la salle d’audience d’un tribunal.

Personne d’entre nous n’était en Égypte ou ailleurs, au moment des faits, dans le passé. (On voudra bien pour l’instant laisser de côté la réincarnation et nos vies antérieures.) Donc, on ne sait pas, de façon certaine, quels sont les faits. La même  chose se passe tous les jours dans des cours de justice tous les jours et partout. Dans la salle d’audience, les jures, les juges s’asseyent, écoutent et délibèrent à propos d’événements auxquels ils n’ont pas assisté directement. Ils écoutent la partie adverse, qui doit défendre son cas, selon les Règles de l’Administration des Preuves, qui incluent, entre autres :
1.  Les preuves devront être présentées de façon claire. Les preuves directes (taches de sang, empreintes digitales, etc…) auront plus de valeur que les témoignages oculaires.
2.  Le ouï-dire n’est pas recevable.  
3.  Les points de vue personnels ne sont pas considérés comme preuves et sont toujours considérés à part des faits du dossier.

Ce n’est pas parce que vous n’êtes pas un ‘‘expert’’ dans un domaine particulier que vous devez accepter ou que vous devez vous laisser intimider par les autres soi-disant ‘‘experts’’. Que la logique, la raison et l’absence de préjugés vous conduisent à la vérité. Alors que nous pataugeons au milieu de toutes ces opinions, n’oublions pas les mots de Sir William Osler : ‘‘Plus l’ignorance est grande, plus grand est le dogmatisme !’’

Donc, vous (et moi) devrions examiner les livres d’histoire avec attention, de la même manière qu’un juré/un juge d’instruction dans un tribunal. On ne devrait jamais être intimidé par un nom célèbre ou un titre ronflant. Rien que les faits et les preuves.

Nous ne devrions pas permettre à un groupe de personnes (ces académiciens) de nous mener par le bout du nez. Nous devrions plutôt nous inspirer de l’histoire des Habits neufs de l'Empereur, que quoi que les ‘‘sages’’ disaient à propos des vêtements de l’Empereur, il était nu. De la même manière, nous devrions rejeter les tactiques d’exclusion de l’académie et insister pour qu’ils prouvent ce qu’ils avancent au lieu de se baser sur des références antérieures pré-approuvées.

Moustafa Gadalla