Extraits de l’ouvrage Souvenirs
d’un voyage dans la Tartarie et le Thibet pendant les années 1844, 1845 et
1846.
par le Père Évariste
HUC (1813-1860)
Chapitre 3 Le Thibet
Nombreux rapports de la réforme bouddhique
avec le catholicisme.
pp 520-522
Pour peu qu’on examine
les réformes et les innovations introduites par Tsong-Kaba dans le culte
lamaïque, on ne peut s’empêcher d’être frappé de leur rapport avec le
catholicisme. La crosse, la mitre, la dalmatique, la chape ou pluvial, que les
grands lamas portent en voyage ou lorsqu’ils font quelque cérémonie hors du
temple ; l’office à deux chœurs, la psalmodie, les exorcismes, l’encensoir à
cinq chaînes, et pouvant s’ouvrir et se fermer à volonté ; les bénédictions
données par les lamas en étendant la main droite sur la tête des fidèles ; le
chapelet, le célibat ecclésiastique, les retraites spirituelles, le culte des
saints, le jeûne, les processions, les litanies, l’eau bénite : voilà autant de
rapports que les bouddhistes ont avec nous. Maintenant, peut-on dire que ces
rapports sont d’origine chrétienne ? Nous le pensons ainsi ; quoique nous
n’ayons trouvé ni dans les traditions ni dans les monuments du pays aucune
preuve de cet emprunt, il est permis néanmoins d’établir des conjectures qui
portent tous les caractères de la plus haute probabilité.
On sait qu’au XIVe
siècle, du temps de la domination des empereurs mongols, il existait de
fréquentes relations entre les Européens et les peuples de la haute Asie. Nous
avons déjà parlé, dans la première partie de notre voyage, des ambassades
célèbres que les conquérants tartares envoyèrent à Rome, en France et en
Angleterre. Nul doute que ces barbares durent être frappés de la pompe et de
l’éclat des cérémonies du culte catholique, et qu’ils en emportèrent dans leur
désert des souvenirs ineffaçables. D’autre part, on sait aussi qu’à la même
époque, des religieux de différents ordres entreprirent des courses lointaines,
pour introduire le christianisme dans la Tartarie ; ils durent pénétrer en même
temps dans le Thibet, chez les Si-fan et les Mongols de la mer Bleue. Jean de
Montcorvin, archevêque de Pékin, avait déjà organisé un chœur, où de nombreux
religieux mongols s’exerçaient tous les jours à la récitation des psaumes et
aux cérémonies catholiques. Maintenant, si on fait attention que Tsong-Kaba
vivait précisément à la même époque où la religion chrétienne s’introduisait
dans l’Asie centrale, on ne sera pas étonné de trouver dans la réforme
bouddhique des rapports aussi frappants avec le christianisme.
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